Madame, Monsieur,
Les Verts remercient le Conseil d’Etat de les avoir consultés au sujet de la réorganisation spatiale de l’hôpital neuchâtelois (HNe).
De manière générale, les Verts estiment qu’une solution hospitalière cantonale qui va de l’avant est indispensable. La situation d’urgence dans laquelle se trouve le canton implique la nécessité d’un hôpital public fort. Pour que les Verts puissent soutenir le projet retenu, la faisabilité et la réalisation de l’activité prévue dans les Montagnes doivent être totalement garanties et ceci avant le développement du site de soins aigus de Neuchâtel. Par ailleurs, les Verts exigent plus de lisibilité financière et une transition clairement programmée.
L’anomalie de sa dette initiale et l’incertitude sur l’avenir de l’institution qui perdure depuis plusieurs années ont fait perdre à HNe son attractivité. Cette situation est néfaste, tant au niveau médical qu’au niveau politique. Les Verts sont convaincus qu’il faut désormais agir.
La nécessité d’un hôpital public ne fait pas débat. Cependant, le rapport soumis ne mentionne que très peu les autres acteurs de la santé tels que les privés du canton, mais également exerçant hors canton. Dans la mesure où il faut composer intelligemment avec ces derniers, les Verts auraient souhaité plus de réflexions sur ces connexions. Une réflexion sur l’intérêt d’une structure de décisions plus réactive pour HNe en est un exemple.
La nécessité d’un hôpital public fort a, par contre, été plus sujette à débat. Faut-il se passer d’un hôpital qui couvre environs 80% des besoins sanitaires ? Faut-il anticiper une concentration d’activités hospitalière au niveau suisse ? Il est difficile de se positionner au vu de ces incertitudes. Cependant, les Verts estiment fondamental d’édifier, maintenant, un hôpital préparé à affronter les défis du futur.
Une partie des Verts souhaiterait un site unique, globalement plus efficient, plébiscité par le corps médical et satisfaisant à coup sûr le financement des prestations. Une autre partie souhaiterait le maintien de deux sites autonomes et complémentaires. Pour qu’une majorité des Verts puissent se rallier à la variante retenue, il conviendrait de lever l’ensemble des incertitudes concernant la création d’un Centre de traitement et de réadaptation (CTR) dans les Montagnes, indépendant de l’hôpital de soins aigus prévu sur le littoral. Son financement devra être garanti sur le long terme. De même, la policlinique également prévue dans les Montagnes devra accueillir dans de bonnes conditions la majeure partie des cas non aigus, afin d’éviter l’explosion des transports. Enfin, l’ambitieux calendrier qui découle de ce projet devra mettre la priorité aux investissements dans les Montagnes, la région accusant, dans ce domaine en particulier, un retard reconnu.
Avant de plébisciter l’option des policliniques, solution séduisante mais comportant de nombreuses inconnues, les Verts s’interrogent sur les différences concrètes entre un petit hôpital généraliste couplé à un site plus important et trois policliniques « high-tech » qui offriraient une très large palette de prestations.
Les Verts estiment que ce dossier doit permettre de réconcilier les parties du canton qui considèrent l’équité actuellement comme non garantie. Les paroles doivent être accompagnées d’actes concrétisés par des équipements pérennes et satisfaisant aux exigences que l’ensemble des citoyen-ne-s de ce canton sont en droit d’attendre.
Pour les Verts, les CTR sont indispensables. En effet, suite à une grave hospitalisation, il est très important de se remuscler, retrouver confiance en soi, apprendre à gérer son stress, etc. Avec la diminution des durées d’hospitalisation en lit A, le développement des CTR finalisent et consolident les interventions médicales. Par contre, la centralisation sur un seul CTR cantonal soulève des questions concernant la proximité et l’accessibilité en transports publics, primordiales pour ce genre d’équipement. Les Verts souhaitent donc la concrétisation rapide du CTR et de la policlinique des Montagnes, ainsi que l’assurance qu’il n’y aura pas de démantèlement de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds avant que les patients ne puissent être soignés correctement sur un autre site et de façon durable.
Les Verts réclament des transports publics de qualité – sans rupture de charge – ainsi que des constructions écologiques et accueillantes, utilisant des ressources locales comme le bois pour tous les établissements de soins concernés.
De plus, les Verts estiment que les aspects financiers et géo-spatiaux, ainsi qu’un calendrier complet et précis, doivent être établis impérativement avant la présentation du projet à la population sous forme de votation.
Un éventuel ralliement des Verts au projet a suscité d’importantes discussions, notamment sur le fonctionnement d’HNe. En effet, si les contraintes externes qui pèsent sur HNe sont très lourdes, il n’en demeure pas moins qu’une partie de la mauvaise ambiance qui y règne est également due à une politique d’entreprise extrêmement difficile à mener avec des cadres médicaux réfractaires à une vision cantonale de l’institution.
Plus fondamentalement, les Verts s’inquiètent du développement des aspects économiques de la santé ; pour exemple les disproportions des sommes consacrées à la promotion et à la prévention, opposées à celles consacrées aux soins dans les hôpitaux de soins aigus. La concurrence économique entre les hôpitaux transforme les patients en source de revenu, rendant la situation très préoccupante.
De façon générale les Verts remarquent que le rapport propose toute une série d’hypothèses, de scénarii, qui ne sont pas très aboutis. Ils estiment que le calendrier imaginé est beaucoup trop optimiste et que beaucoup de retards, accompagnés de crédits supplémentaires sont à prévoir.
Les coûts hospitaliers sont une part importante des coûts globaux de la santé. Quel scénario parmi toutes les variantes est le plus avantageux ? Quelle est la variante la plus sobre et durable ? Faudra-t-il 20 / 30 ans avant de pouvoir économiser le premier centime par rapport à la situation actuelle ? Autant de questions qui ne trouvent pas de réponse précises dans le projet présenté.
Il est affirmé page 50 que « la concentration des hôpitaux va améliorer le bilan financier ». L’inverse peut aussi être supposé, à savoir que la concentration des hôpitaux contribue à augmenter les coûts de la santé. Ces réflexions amènent les Verts à solliciter une analyse financière plus étoffée, intégrant une analyse des répercussions du projet sur les coûts globaux de la santé.
Les Verts ne partagent pas entièrement l’affirmation selon laquelle la pénurie des professionnels est un argument en faveur de la concentration des hôpitaux. En effet, comme mentionné dans le rapport, les hôpitaux universitaires doivent également faire face à des difficultés de recrutement. Par ailleurs, « masse critique » ne signifie pas forcément « attractivité ». Or c’est bien d’un problème de manque d’attractivité que souffre HNe, indépendamment du manque de « masse critique ».
Les Verts estiment également que les 25 vignettes cliniques proposées ne vont pas au bout du raisonnement, puisqu’elles ne proposent pas de comparatif entre les différentes variantes, mais se limitent à la variante 2.
Les Verts se sont posés la question du centre unique de soins aigus au Val-de-Ruz, en relation avec l’arrêt prévu du futur RER neuchâtelois, couplé avec des policliniques à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds plus légères et moins coûteuses que prévues dans la variante proposée. Cependant, ils ne recommandent pas cette option, qui exercerait une rude concurrence pour les villes du haut et créerait un nouveau pôle urbain.
L’annexe 4 propose une comparaison entre HNe et Hôpital du Jura. Or une comparaison entre HNe et Hôpital du Jura couplé à l’hôpital de Bienne aurait été plus utile pour développer une vision d’avenir pour HNe. En effet, Hôpital du Jura serait-il aussi dynamique et attractif s’il appartenait à la même SA que Bienne ? A noter que la différence fondamentale du capital (ou non) de départ n’est pas mentionné dans cette annexe 4.
Enfin, les Verts ne sont pas convaincus par la problématique d’une éventuelle rupture de filière qui justifierait la remise en cause de la Chrysalide et de la nécessité de son rapprochement avec le CTR. Des informations complémentaires sont nécessaires pour entrer en matière sur ce rapprochement.
En espérant que vous tiendrez compte de nos remarques et suggestions, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nous salutations distinguées.

Neuchâtel, le 17 mai 2016

CONTACTS

Clarence Chollet, présidente des Verts neuchâtelois clarence.chollet@gmail.com, tél. mobile : 078 602 94 92
Laurent Kaufmann, vice-président des Verts neuchâtelois et député au Grand Conseil laurentkaufmann@bluewin.ch, tél. mobile : 076 402 92 42
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