Nous remercions le CC pour son rapport d’information dans ce dossier de longue haleine et qui s’avère encore et toujours aussi sensible, compte tenu non seulement de la symbolique que les porteurs du projet veulent y associer, mais aussi des contraintes et de la fragilité financière récurrente à laquelle doit faire face le TBRC. Nous remarquons par ailleurs qu’il s’agit là d’une planification qui engagerait la collectivité pour 40 ans !!, du jamais vu dans les rapports et demandes de crédits dans le domaine touristique depuis la fusion à Val-de-Travers.

Nous saluons les efforts déployés depuis une dizaine d’années par les membres de la coopérative pour maintenir des activités diversifiées sur le site et une conversion multi-saisons nécessaire, ainsi que la transparence de leur part en mettant à disposition les documents sur leur projet de rénovation et développement.

Nous souhaitons également souligner l’abandon de l’idée de prolonger la future télécabine jusqu’au Crêt de la Neige. Notre groupe plaidant depuis des années pour un tourisme doux, à l’inverse d’un tourisme de masse, avait déjà fait remarquer clairement au CG dès 2019 que ce serait une aberration économique, paysagère et vraisemblablement énergétique. Mais il aura fallu 3 ans et une première phase d’études pour que la commission de développement du TBRC et les autorités communales et cantonales semblent enfin arriver à des conclusions analogues et confirment officiellement le non-sens d’une télécabine tout en haut.

Puisqu’il nous est proposé de nous exprimer sur ce dossier, qui comporte pour l’instant encore beaucoup d’inconnues et d’incertitudes, nous tenons à préciser que nos propos n’ont aucunement la vocation à encourager ni à décourager les porteurs du projet, mais simplement à faire part ici, de manière aussi objective et factuelle que possible, de certaines interrogations voire de préoccupations, suite à la lecture des documents et après la présentation de mercredi dernier. Nos questions et remarques ont trait principalement aux impacts, qui ne sont pas négligeables, et à la viabilité de l’avant-projet.

Les impacts

  • Il y a évidemment les nuisances dues au trafic supplémentaire. La fréquentation annuelle du site est prévue d’augmenter de quelques 40’000 visiteurs actuellement à près de 60’000 visiteurs par an, afin de pouvoir trouver un certain équilibre financier. Pour rappel, la fréquentation au Creux du Van est de l’ordre de 120’000 visiteurs, donc l’avant-projet table grosso modo sur la moitié de cette fréquentation.  A notre avis, un pareil afflux de visiteurs du côté de Buttes, qui ne va pas se faire exclusivement via le train, engendrera immanquablement le même type de nuisances qu’a connu le village de Noiraigue ; c’est-à-dire engorgement de la circulation routière, gestion calamiteuse du parcage en l’absence de places en suffisance, déchets sauvages, ras le bol des habitantes et habitants, etc.  Certes il est suggéré de déplacer le stand de tir, mais si c’est pour le mettre au vallon de la Doux et les Vys à l’ouest de Buttes, la Nature va encore plus en souffrir.
    D’où notre préoccupation et question : avec pareil avant-projet, les citoyennes et citoyens du village de Buttes sont-ils véritablement prêts et disposés pour subir les impacts supplémentaires dus au trafic et l’afflux, ceux-ci pouvant correspondre à l’équivalent d’un « demi-Creux du Van » ?
  • Station d’arrivée amont : Telle que dimensionnée dans un des documents (Plan d’action, fig. 5.2, page 19), la future station d’arrivée de la télécabine occuperait une grande superficie. Nous considérons que pareille emprise constituerait une véritable verrue dans le paysage, à l’évidence à l’encontre des objectifs d’un tourisme doux. Pour rappel, l’accord de positionnement stratégique APS Val-de-Travers est censé positionner la région au coeur d’un «cadre de vie vert, naturel et préservé».
    Nous demandons donc que les dimensions d’une future station soient réduites au strict minimum, dans une stratégie de tourisme effectivement durable.
  • Le paysage naturel et le cadre paisible pour des activités de plein air dont joui encore le plateau de la Robella est un atout logiquement mis en avant par les porteurs du projet. Il convient toutefois de rappeler que cela n’est pas voué à perdurer, malheureusement. En effet bientôt lorsque les visiteurs parviendront au plateau, en se tournant vers le nord, ils auront droit à une vue imprenable sur le parc éolien du la Montagnes de Buttes ! Celles et ceux qui voudront se balader vers l’est, direction Creux du Van, ou vers l’ouest, direction Chasseron, rebelote, ils seront confrontés aux parcs projetés du côté vaudois. D’où notre préoccupation et question : l’industrialisation des crêtes pour produire de l’énergie éolienne permettra t’elle de garder ce site aussi attractif et « fun » que cela pour des visiteurs externes en quête de nature et de paysages reposants, ou assistera t’on plutôt à un désintérêt de leur part ainsi que des valloniers, face à ce qui s’apparentera davantage à un confetti de nature cerné de mâts métallisés et bruyants ?
  • Ce qui est tout autant navrant, ce ne sont pas seulement les nouvelles pistes pour vélos et trottinettes à travers la forêt, mais aussi le petit terrassement au Crêt de la Neige, qui impliquerait un nivellement supplémentaire de la crête, un gyrobroyage quasiment comme préparation préalable à une éventuelle poursuite d’une télécabine jusqu’en haut. Le tapis roulant quant à lui donne l’impression que l’on se trouve sur une sorte d’escalator, dans un aéroport ou un grand centre commercial, ce qui correspond à l’objectif visé : la consommation. Il manque encore le rafraîchissement musical.

Viabilité financière

La lecture des projections économiques et financières a retenu notre attention, d’autant plus que les différentes formes de subventions communales et cantonales constituent une part prépondérante et décisive. Dans un premier temps il s’agit d’un montant de 460’000 Frs, via un financement NPR, juste pour pouvoir finaliser les études de détail du projet, puis par la suite pour la phase de réalisation, de l’ordre de 12,2 millions. Comme indiqué dans la version 2 de l’avant-projet, le TBRC a encore besoin de 20 ans pour rembourser une dette auprès de la commune de 381’500 Frs. concernant les installations actuelles.

Si on peut imaginer que la subvention communale de 210’000 par an, en se projetant sur plusieurs décennies, pourrait être convertie partiellement afin de constituer un tiers des 12 millions envisagés, nous nous posons des questions quant à la contribution cantonale espérée, équivalente de 3,7 Mio.
En effet si nos informations sont correctes, le canton octroie environ 2 millions de subvention annuelle au domaine touristique, dont 1 million pour Tourisme Neuchâtel qui est en charge de la promotion pour l’ensemble des acteurs dans tout le canton. Le solde annuel étant d’environ 1 million, il faudrait l’équivalent de plus de 3 ans et demi qui soit alloué pour le seul projet de la Robella, ce qui nous paraît peu réalisable et équilibré vis-à-vis des autres régions qui ne manquent pas de projets non plus. D’où notre question au CC : est-ce que ces chiffres concernant le budget cantonal dédié au tourisme peuvent être globalement confirmés ?

Si d’autre part le canton rechigne à injecter 3,7 millions dans ce projet, mais seulement une partie par faute de moyens ou pour toute autre raison, le risque est évident que les porteurs se tourneront une fois de plus vers la très généreuse commune de Val-de-Travers, afin de combler le manque. Dès lors notre question et préoccupation certaine : quel serait l’attitude du CC si les porteurs du projet n’ont d’autre solution que de venir demander une nième rallonge supplémentaire au-delà des 3,7 millions escomptés ?

Pour finir, le CC considère dans son rapport d’information que l’orientation donnée à « Avenir Robella 2025-2065 » serait tout à fait pertinente ; permettez-nous d’être nettement plus sceptiques. Face à ces interrogations et doutes, notre groupe espère entendre des éléments et des réponses convaincantes de la part du CC.