
Communiqué de presse : Le Conseil d’État ne peut pas bafouer la volonté du législatif
Suite à l’annonce du Conseil d’État qu’il ne comptait pas appliquer l’interdiction de la chasse des espèces menacées, la commission législative a décidé de retirer l’objet de l’ordre du jour du Grand Conseil du 18 février.
Initialement déposée sous forme de motion en 2019, la demande d’interdire la chasse des espèces menacées a connu de nombreux rebondissements. Après une réponse du Conseil d’État manquant sa cible en 2022, un projet de loi des groupes VertPOP, socialiste et Vert’Libéral-Le Centre a été déposé en 2023 afin que le projet initial soit appliqué, à savoir la fin de la chasse des espèces inscrites sur la liste rouge de la Confédération. Après plusieurs mois de travaux, la commission législative asorti son rapport ce début d’année présentant un projet de loi incluant une demande des opposants au projet de loi, à savoir la possibilité de rouvrir la chasse si les populations des espèces concernées (lièvre brun et la bécasse des bois) atteignaient des seuils de population suffisants pour garantir leur survie. Pour obtenir une dérogation, une densité de population à partir de laquelle la population n’est plus menacée devait être défini et la preuve que ce seuil était atteint pour l’espèce en question devait être fournie.
Ce compromis à peine sorti, le Conseiller d’État PLR en charge du dossier s’est empressé de sortir un avis dans lequel il annonce, ni plus, ni moins, qu’il n’allait pas appliquer la loi si cette dernière était adoptée. En effet, sur une mauvaise interprétation d’une réponse de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) aux demandes de la commission, il estime que les populations neuchâteloises de ce espèces ne sont actuellement pas menacées. Or, l’OFEV s’est simplement prononcée sur l’impact de la chasse sur les populations, impact qu’il estime supportable. Cela ne veut pas pour autant dire que les populations ne sont pas menacées, mais simplement que la chasse seule ne met pas en péril ces populations, car d’autres facteurs entrent en compte.
Les signataires du projet de loi n’ont par ailleurs jamais remis en cause cette affirmation. A leurs yeux, des raisons éthiques poussent à interdire cette chasse. Alors que des moyens financiers sont mis à contribution pour la conservation du lièvre et de la bécasse, on autorise l’abattage d’individus à des fins de loisirs, ce qui est évidemment contre-productif.
Rappelons que les populations de lièvres et de bécasses nicheuses sont en constante diminution depuis 20 à 30 ans dans le canton, comme ailleurs en Suisse. Les seuils de vitalité ne sont actuellement pas atteints. Les efforts mis en place dans le canton du Jura dans le cadre du plan d’actions en faveur du lièvre nous montrent que la revitalisation de cette espèce est extrêmement délicate. Concernan la bécasse, les couples nicheurs se font de plus en plus rares et aucun signal ne montre une inversion de la tendance. L’arrêt de la chasse de ces deux espèces semblent donc nécessaire dans un premier temps et la mise en place de mesures de conservation de ces espèces est urgente.
Le groupe VertPOP travaillera en commission pour qu’un projet de loi protégeant ces espèces et dont l’interprétation ne pourra pas porter à confusion soit adopté rapidement.