Le premier budget bénéficiaire que présente le canton de Neuchâtel depuis plus d’un demi-siècle doit une fière chandelle au coup de baguette magique de la péréquation intercantonale. Si les Verts neuchâtelois saluent cette bouffée d’air frais, ils se préparent à la nouvelle plongée qui se profile dès 2021 et restent persuadés que la bouée de sauvetage du canton réside dans la transition énergétique et l’économie verte.
C’est un rêve. A peine s’est-il doté d’un nouveau mécanisme de maîtrise des finances que l’État de Neuchâtel présente un budget modèle, satisfaisant aux trois exigeantes contraintes qu’il s’est données. Alimentant la nouvelle réserve de lissage de plus 8 millions de francs, engageant des investissements pour près de 100 millions de francs, tout en étant bénéficiaire au-delà des 5 millions de francs dus à l’amortissement du découvert, le budget 2020 semble être une démonstration de la sagesse du Conseil d’État dans les réformes qu’il a promues, alors qu’aucun budget dans le demi-siècle écoulé n’a échappé aux déficits.
Mais ce rêve cache une circonstance des plus opportunes : la péréquation intercantonale, en généreuse dea ex machina, accorde à notre canton 64 millions de francs de plus que l’an passé. Cette somme, justifiée par la baisse de l’indice des ressources de notre canton – façon bureaucratique de nommer la fragilisation de l’économie et de la population neuchâteloise – reste affectée uniquement à l’État ; mais ce sont les communes, dont un trop grand nombre tire la langue, qui sont au front. Les Verts considèrent qu’une redistribution équitable d’une part des revenus péréquatifs aux communes est maintenant nécessaire. Alors qu’ils se sont opposés avec fermeté ces dernières années aux coupes dans le social et dans une fonction publique déjà exsangue, les Verts auraient salué que l’État profite de la bouffée d’oxygène pour rétablir un tant soit peu les dotations en 2020.
D’ailleurs le réveil sonnera dès l’an prochain déjà, puisque la baisse de la fiscalité, approuvée en juin par le Grand Conseil, emportera le budget à nouveau dans des profondeurs écarlates. En parallèle le socle de la péréquation va fondre inexorablement et la fée fédérale perdra graduellement ses pouvoirs. Les effets dynamiques et le programme d’impulsion suffiront-ils dès lors à remettre les finances à flot ? Les Verts craignent que non et restent persuadés que des investissements tournés vers la transition énergétique et l’économie verte galvaniseront bien mieux la prospérité des entreprises du canton et, par ricochets, de la population.
Communiqué de presse au format PDF : 28112019 CP Verts – Budget 2020