Plan climat neuchâtelois : Une première avancée bien trop timide
Les Vert-e-s neuchâtelois-e-s remercient le Conseil d’Etat et ses services pour l’important travail de production du premier plan d’action cantonal. Ils relèvent toutefois que le résultat n’est de loin pas à la hauteur des perspectives climatiques en Suisse et dans le monde. Depuis 1864, la température de notre pays a déjà crû de plus de 2°C alors même qu’il s’agit de l’augmentation moyenne à ne pas dépasser à l’échelle mondiale ; la Suisse se réchauffe donc nettement plus vite que le reste de la planète ! Il est urgent d’agir.
Un manque d’ambition
Le Canton partage avec la Confédération l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Or, les Verts revendiquent la neutralité carbone en 2030 déjà, indispensable pour permettre de maintenir le réchauffement global en dessous de 2°C ! Les effets du bouleversement climatique, à l’exemple de la crue exceptionnelle du Seyon de juin 2019 à Val-de-Ruz ou de l’assèchement du lac des Brenets en 2018, sont déjà perceptibles et touchent de plus en plus notre quotidien. Ce plan d’action est donc un premier jalon trop timoré eu égard aux conséquences du dérèglement climatique que la population neuchâteloise subit d’ores et déjà.
Une liste de mesures sans quantification ni planification et des émissions mises de côté
Les Verts regrettent vivement que les mesures proposées ne soient pas priorisées et que leur impact ne soit pas évalué. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs déjà été adoptées par les autorités et ne sont en cela pas une avancée en faveur du climat. Une feuille de route accompagnée d’un monitoring régulier aurait permis de piloter précisément la transition écologique.
Les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre (chauffage et mobilité individuelle motorisée) sont pourtant connues. Or, le rapport ne permet pas de connaître à quelle vitesse et avec quelle efficience ces domaines seront réformés. Les moyens d’action financiers et/ou réglementaires sont largement insuffisants et même insignifiants au regard des efforts d’assainissement et de reconversion nécessaires. De plus, les Verts tiennent également à souligner que le rapport exclut les émissions produites à l’étranger pour la production de biens de consommation destinée à la population neuchâteloise. Alors que l’enjeu climatique est planétaire, les Verts attendent que l’exécutif cantonal propose des mesures qui permettent de réduire fortement les émissions importées. A l’inverse, les Verts ne comprennent pas que le Conseil d’Etat n’inclue pas les émissions de gaz à effet de serre produites par la raffinerie de Cressier et la cimenterie de Cornaux dans le bilan général.
Des puits qui n’en sont pas
Les Verts analysent avec circonspection le recours aux réservoirs naturels. En effet, la plupart de ces biotopes ne sont pas de réels puits de carbone, à l’exemple des forêts, ou sont très fortement dégradés tels que les tourbières. La revitalisation de ces dernières ne permettra pas de stocker d’ici 2050 le gaz carbonique qu’elles ont perdu lors de leur exploitation passée. De plus, les réservoirs artificiels sont encore et toujours au stade d’avant-projet et pose de nombreuses questions sur leur fiabilité et leur sécurité. Le stockage du carbone sous forme d’humus dans les sols agricoles est peut-être la mesure à favoriser le plus fortement. Elle permettrait également à la biodiversité du sol de se rétablir.